[2 Ellune 1100] La haine ne ment jamais

La haine ne ment jamais Information hors-RP :
Rien à signaler sur le Hors hp
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Demain est un autre jour, disent les sages. Le soleil se lève toujours, il ne cesse de briller, par cette phrase, sans doute voulait-on dire que chaque matin est un espoir. Ou alors, peut-être que ceux qui énoncent cette phrase ont l’espoir idiot que le passé s’efface à chaque aube nouvelle. Qu’importent les erreurs, qu’importe l’auparavant, ce qui compte devait se trouver devant. « Continuez à aller de l’avant », qu’ils auraient dit, mais ces orateurs étaient les mêmes qui prêchaient la bonté et la grandeur d’un dieu qui n’avait rien fait pour eux. La création d’une pierre, qu’était-ce, par rapport à tout ce que le Seigneur avait accompli ?

La piété de Skadi la poussait à penser que là où les racines sont pourries, l’arbre ne peut que tomber. Toute cette humanité avait grandi sur les restes d’une société en dépravation, poussée à bout par sa propre ingratitude. Ils avaient tourné le dos à leur vrai dieu et un autre avait pris sa place … qu’elle était belle cette intervention, qu’elle était adéquate. Tous les humains n’étaient pas crédules, certains ont retenu un héritage de Kamaâl, certains n’ont pas oublié, certains sont encore remplis de haine. Et la haine, jamais ne meurt.

Pieds posés sur une table fournie en abondantes garnitures, la dévote décortiquait une miche de pain. Une à une, elle portait les boulettes de mie entre ses lèvres qu’elle ouvrait à peine. La lumière d’un ciel matinal brillait au travers d’une fenêtre entrouverte sur un jardin verdoyant. Les averses chantaient, le vent soufflait au travers des volets. Une odeur fraîche se mêlait à la senteur de la mort. Le parquet grinçait sous les pieds de la chaise sur laquelle Skadi se balançait, propageant de douces ondes dans une flaque écarlate.

Le corps d’une femme gisait dans la cuisine, juste derrière le dossier que la Porte-Flamme remuait avec ennui. D’une porte entrouverte, une main ouverte vers les cieux dépassait, plongée dans son propre ruisseau d’eau rouge. La brise intrusive fit battre le battant d’une seconde chambre, dévoilant, pendant une seconde d’ouverture, les jambes suspendues d’un enfant. Des gouttes de sang tombaient depuis ses talons jusqu’à un saladier. Ce dernier débordait presque.

Skadi prit une choppe de lait qu’elle avait réchauffée et la porta à ses lèvres en regardant le corps qu’elle avait pendu. Après un constat vide d’expression, elle jeta le récipient à l’autre bout de la pièce et se leva pour aller récolter le résultat de ce qu’elle avait semé. Avec le saladier, elle remplit presque trois fioles de sang qu’elle flanqua au fond d’un sac rempli de victuailles. Lorsqu’elle s’esquiva de la compagnie des cadavres, elle le fit en fermant l’entrée. Il pleuvait dehors, abondamment, la rouquine mit son capuchon et se mit en route. Avec tout cet argent, elle pourrait se permettre de s’acheter une nouvelle lance sans faire couler plus de sang.

L’un de ses hôtes de la veille, sous la menace d’un couteau à viande, avait eu la bonté de lui révéler l’emplacement de la forge la plus proche. Courtoisie que la jeune femme avait grandement appréciée avant de lui trancher la gorge. Maintenant, elle se baladait avec l’argent et la nourriture de ses victimes, impassible. Lorsque l’établissement d’artisanat arriva en visu, elle s’avança à l’étale et héla une jeune femme, qui, de toute évidence, travaillait ici.

- Je veux une lance. Je la veux légère, équilibrée et très tranchante, dessinez la lame en feuille.

Il était une fois un 2 Ellune à Borderoc Information hors-RP :
Comme la joueuse n'est pas forgeronne, il risque d'y avoir des petites erreurs ou des incohérences, si tu t'y connais n'hésite pas à me les signaler !
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Comme à mon habitude, je n’arrivais pas à dormir.. Mes éternels cauchemars me hantaient une fois encore, mais cette-fois, ils étaient accompagnés de nouvelles visions d’horreur… Je revis tous ces morts qui jonchaient les alentours de l’arène de la ville, et, des gens apeurés qui tentaient de fuir… Je ressentais encore les murs et le sol trembler… Ce qui me rappelait que je n’étais en sécurité nulle part. Je revis de nouveaux tas de morts à cause de ces secousses… Je revis également des tas de meurtres par des adorateurs de Kamaâl… Certains même, nouvellement convertis, selon les dires... Mais je fus une nouvelle fois épargnée… A croire que Nâame souhaitait que je reste en vie et que j’accomplisse mon destin. A moins que ce ne soit la volonté de Kamaâl? Qu’est-ce que j’en savais ?

Malgré mon insomnie, je profitais cette nuit pluvieuse afin de réfléchir sur mon sort, sur les Dieux et de me rafraîchir en me promenant. La plupart des gens craignaient le voile sombre de la nuit, mais en ce qui me concerne, je le trouve plutôt rassurant. Seulement, en cette soirée, je sentais que quelque chose se tramait dans cette ville. Quelque chose de mauvais...


Le lendemain, la pluie n’avait pas cessée, comme si le ciel pleurait les défunts de Dollune.

La Duchesse, la Reine elle-même, et tous ces beaux Nobliaux avaient beau tenter de rassurer les gens, il n’en restait pas moins qu’un climat de fortes tensions régnaient dans la ville. Peut-être même dans tout le Gravorn pour le peu que j’en savais. Néanmoins, je sentais la peur autour de moi chaque jour. A un point tel, que mes clients habituels refusaient mes livraisons, craignant de se faire empoisonner ou pire... Puisque selon eux, mon visage peu souriant leur inspiraient de la peur. Pourtant, je n’avais aucune haine à leur égard. Je ne ressens de la haine qu’envers une seule personne : mon Géniteur.

Néanmoins, en ce jour de « tranquillité » forcée, Darion avait besoin de moi dans la forge. Je l’aidais notamment au maintien de la chaleur et je lui apportais les métaux dont il avait besoin.

Alors que je faisais un énième aller-retour pour apporter du charbon, j’entendis une personne me héler. Par réflexe je regardais en direction de la voix.

Je vis une jeune femme encapuchonnée. Elle avait l’air d’avoir mon âge au vu de sa taille et de ses traits juvéniles. Ce qui m’avait marqué était surtout son regard. Lorsque je le croisais, malgré moi, j’eus l’impression de me retrouver face à un miroir. Je vis le reflet de mon propre regard déterminé. Celui de mon visage fermé et froid. Celui de la peur que j’inspirais aux autres. Cependant, cette personne semblait avoir quelque chose que je ne possédais pas, ou pas encore : une certaine force de caractère.

En effet, elle me donnait ses indications comme ci elle voyait clairement l’arme qu’elle souhaitait devant elle. D’habitude, les clients attendaient les conseils des forgerons avant de passer une commande aussi précise. Mais outre l’impression qu’elle me donnait, j’avais le sentiment de l’avoir déjà croisée en ville. Ce qui me paru bien étrange.

Je posai mon seau de charbon et prit un parchemin qui traînait par là.

« Une lance, vous dites? »

Là aussi, c’était assez étonnant. Les clients demandaient rarement ce genre d’article.

Je tâchai de me montrer honnête avec cette jeune fille.
« Nous faisons rarement ce genre d’article, par conséquent… Je vous préviens que… Le prix risque d’être assez élevé… Nous ne sommes pas au Maillet Rocheux mais nos armes sont de bonne qualité, vous pouvez vous en assurer! »

Je commençais à dessiner la lame qu’elle souhaitait. J’avais néanmoins besoin de plus de détails concernant l’ouvrage.
« Quelle taille souhaitez-vous pour… La longueur? Quelque chose de standard ou plus adapté à votre taille? Avez-vous une préférence pour le type de bois pour la tige? Aussi, vous souhaitez une lame en feuille, du coup, pour que ce soit équilibré, il faut que le poids soit bien réparti sur les tranchants. Pour la légèreté, il faut équilibrer le poids total en contrebalançant le poids sur la tige. Ce que je vous propose c’est de placer un cercle ici, ou alors il faut que j’allonge la lame pour l’affiner. Elle sera plus tranchante.. Mais plus fragile aussi. »

Au fur et à mesure que je lui parlais, tout en gardant les yeux sur mon esquisse, je ressentais ma passion d’autrefois revenir. De mes heures de création d’armes avec Auguste. Même si nous fabriquions surtout des épées.

Je lui montrai après mes nombreuses questions, un premier croquis de la lance.
« Voici. »

Je la laissais analyser le dessin. Puis piquée par la curiosité qui m’animait en cet instant, je lui demandai.
« Si je peux me montrer indiscrète… Pourquoi souhaitez-vous une lance? »

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Oui, une lance. Sans doute Skadi n'avait pas été assez claire, lorsqu'elle avait décrite la lame ? Enfin ... c'était le jargon qu'elle utilisait lorsqu'elle forgeait avec le goret qui lui servait de père, ils se comprenaient, à l'époque. Autant considérer qu'aussi loin de chez elle, il n'y avait qu'elle qui saisirait le sens de sa description. Pourquoi était-elle si étonnée, le Gravorn n'était donc pas la terre de guerre que l'on décrivait d'ordinaire ? Si c'était le cas, alors, il n'était pas surprenant de n'y croiser que d'autres lâches. La rouquine détourna le regard, croisant les bras en inclinant les hanches. Elle sentit le battement du poignard cachée dans une poche à sa cuisse lui taquiner la peau. Saleté.

Allons bon, une arme était donc une denrée rare dans ces terres. Décidément, il n'y avait plus rien à racheter dans ces contrées, pas même l'acier, même la pureté du fer avait été souillée par l'idiotie des impies. La gamine qui l'avait accueillie, et qu'importe son âge véritable était amusante. Non, elle n'avait rien de drôle, mais la rouquine savait reconnaître les yeux d'un prédateur, même dans le noir. Soit elle sortait de sa crise de jeunesse, soit elle se sentait sérieusement à l'écart de cette société corrompue. Tant mieux. Il n'y a rien de plus frustrant que de devoir marchander avec une personne dont les principes s'inspiraient de la faiblesse.

Tandis qu'elle enchaînait des questions qui franchement, n'avaient aucun intérêt aux yeux émeraudes en face d'elle, ceux-ci esquissèrent un bâillement qui n'avait rien de subtil. Comment disait-il déjà, cet enfoiré de géniteur ? "Parle moins et forge plus", Kamaâl ait pitié et lui fasse simplement tourner cette putain de forge. Même si elle le faisait maintenant, combien de temps cela prendrait ? Skadi regrettait déjà de ne pas être allée dans une armurerie, là où les armes auraient déjà été forgées. C'était le mieux qu'elle avait pu trouver ... au moins, la jeune femme ne semblait pas être une complète incompétente. Etrangement, son croquis était assez fidèle avec ce qu'elle avait en tête ... bien.

La dévote aurait été satisfaite, pourvu qu'elle se passe de questions. Penchée sur le schéma, coudes sur le comptoir, le visage désintéressé et suffisant projeta des yeux tout aussi peu courtois vers les irys de la forgeronne. Néanmoins, avec un fin sourire lourd de sens, pour elle, elle répondit sèchement.

- Je chasse.

Et elle chassait le pire loup pour l'Homme ; lui-même. Rabaissant son visage ravisé de quelconque risette, elle désigna le schéma du bout de l'index.

- Le manche devra faire un mètre quarante précisément, la lame devra être longue de quinze centimètres, pour l'équilibrage, je te fais confiance.

Elle lui adressa ce qu'il y avait le plus proche d'un sourire sincère pour elle, c'est à dire un regard dénué d'émotion dirigé dans ses yeux. De toute manière, elle n'était pas d'humeur à sourire, ça faisait plusieurs jours déjà qu'elle n'avait plus envie de sourire. Fouillant derrière elle, la fanatique dénicha une bourse remplie de pièces qu'elle posa devant elle sans aucune délicatesse. Heureusement que l'argent n'avait pas d'odeur, sinon celle du sang aurait envahi la pièce.

- Tu as deux heures, maximum. Passé ce délai, je serai partie et je reprendrai mon argent avec moi.