[5 follune 1100] La tombée des Masques

 




Pour appuyer ses propos, Ariane frappa du poing sur la table. Elle savait que cela aurait été une erreur que de tenir Odion informé de ses intentions. Mieux que quiconque, elle le savait proche de son fils, et mieux que quiconque, elle connaissait ses réactions, et avait anticipé son refus. Toutefois, les privilèges de son bras-droit ne lui donnaient pas l'autorisation de se montrer si irrespectueux.

Ce n'était pas une décision qu'elle prenait à la légère, et elle avait toutes les raisons de la prendre. C'était ce qu'il y avait de mieux pour le peuple. Pour l'instant, rien n'était officiel, elle n'avait même pas encore fait appeler son secrétaire pour acter sa décision : avec tous les événements derniers, elle n'en avait tout simplement pas encore trouvé le temps.

Odion, saisi par la force que sa reine avait déployée pour se faire entendre, mit rapidement un genou en terre et présenta ses excuses.



Ah. Oui. La secte des Masques Maâlistes était tombée. Son chef, Talela Larage, dont l'identité avait été dévoilée, n'était plus. Pour être honnête, cette nouvelle l'avait laissée de marbre. Trois jours auparavant, on lui avait annoncé que la Scélérate avait été retrouvée morte. Si sa finalité pouvait rassurer les gens du peuple, et prétendre à une justice finalement accomplie, cette nouvelle lui avait laissé un goût amer en bouche. Au nom de tous ces sacrifiés, ces morts inutiles entraînées dans la folie d'une seule porte-parole d'une poignée d’extrémistes, elle aurait voulu la voir, de ses yeux, souffrir le martyr. Qu'elle ressente la douleur que ressentaient toutes ces personnes qui avaient perdu des membres de leur famille, ou leurs amis. Cette mort était bien trop douce, et Ariane n'en était que plus frustrée. Qu'on lui apprenne que la secte avait été démantelée ne parvenait pas à l'égayer un peu.
Peut-être qu'en organisant des exécutions publiques des membres restants et enfermés dans ses geôles, cela lui redonnerait le moral, allez savoir.

Respirant profondément et avec calme, comme on le lui avait conseillé, Ariane prit le temps avant de rassembler ses mots pour répondre au fidèle Odion.





Ariane sourit. Il avait raison.




Tout le château fut envahi par une effervescence qui était devenue insupportable pour Ariane. Tout le monde était en liesse, enfin, enfin ! les responsables allaient être punis. Mais si la couronne feignait d'être au comble de la joie, elle ne pouvait trouver le moindre réconfort à la déception immense qu'elle avait ressentie quelques jours plus tôt.

Pour se mettre de bonne humeur, et bien entendu s'isoler et se couper du reste des habitants du palais, Ariane s'exila dans sa serre, toute disposée à ses tâches de jardinage. Les rayons du soleil passaient au travers les vitres de l'édifice, et l'air s'alourdissait au fur et à mesure que le temps passait, mais rien ne pouvait entacher cette nouvelle bonne humeur qu'elle eut la force de trouver en entretenant ses splendides rosiers. Rien, si ce ne fut son rejeton qui déboula comme un forcené dans la serre.

Le mince sourire qu'elle arborait jusqu'à présent aux lèvres s'effaça à la seconde même où Valérian demanda des explications sur sa royale décision de l'écarter de l'incursion chez les Larage. Mû par une colère qu'elle ne lui avait presque jamais vu prendre, et sans bégayer, il se plaignit de ne pas avoir eu un rôle plus important au sein de cette entreprise, reprochant éhontément à sa génitrice de ne pas tenir compte ni de son statut, ni de sa bénédiction de Naâme récemment obtenue. Il termina son allocution en étant persuadé qu'elle doutait de lui.

Ariane l'avait écouté, intérieurement impressionné qu'il ait - enfin - eu le courage de l'affronter comme un prince héritier aurait du le faire. Dommage qu'il n'agissait ainsi que maintenant.
Elle termina de couper quelques épines, puis déposa son sécateur et ôta ses gants. S'assurant de diffuser une aura imposante, elle se félicita de cette parfaite occasion de tester son fils, et de voir jusqu'où il était prêt à aller pour défendre ses idées, et ses droits.
Sa majesté leva ses yeux glacials vers lui, complètement fermée, et prit son ton le plus impressionnant.



N'attendant que quelques secondes pour le laisser réagir, elle soupira par ce constat que même s'il se montrait un peu plus à la hauteur, il avait encore beaucoup trop à apprendre et à appliquer avant de réellement prétendre lui succéder. Décidément, tout ce qu'il entreprenait n'était voué qu'à la décevoir.



Ariane ne bougeait pas d'un cil. Implacable. Froide. Presque cruelle. Il le fallait. Il fallait qu'il s'endurcisse. Et même si ce qu'elle venait de voir était, en soi, un bon début timide, ce n'était pas encore suffisant. De par son expression, il semblait véritablement outré, couplé d'une pointe de déception. Comme quoi, il n'y avait pas que la mère qui était déçue de son fils, mais son fils de sa mère.

 
Et elle le vit s'enrager. Elle s'était attendue à ce qu'il réagisse, évidemment, c'était tout le but de l'avoir provoqué mais c'était au-delà de ses espérances. Où était donc passé cet avorton geignard, tremblotant et bégayant qu'elle ne connaissait que trop bien, et qu'elle méprisait ? A le voir lui répondre avec franchise, et prononcer des phrases virulentes sur le ton de la conversation, à le voir pourtant bouillir de l'intérieur et froncer les sourcils de cette façon, il avait des faux-airs d'Aragon, pour son plus grand étonnement.

Ariane l'écouta tout d'abord lui reprocher une éducation où elle n'était que guère présente, mais ce n'était là qu'un caprice d'enfant. Ensuite, il chercha à comprendre la raison pour laquelle, à ses yeux de reine, il n'était jamais à la hauteur, quoi qu'il fasse. C'était une question à laquelle elle-aussi aurait aimé obtenir une réponse. S'il était frustré de ne jamais pouvoir satisfaire ses hautes exigences, elle était également frustrée de jamais les lui voir atteindre. Quoi qu'elle fasse, d'ailleurs. Elle l'avait ignoré, il ne s'était jamais rebellé. Elle l'avait noyé sous une tonne de devoirs, cela ne l'empêchait pas de continuer de rêver aux papillons. Elle lui avait donné sa chance et davantage de responsabilités, mais ce n'était que maintenant qu'elle avait abandonné tout espoir pour lui, bercée d'illusions qu'elle était, qu'il se rebellait et lui montrait enfin une réaction de vrai prince. Mais sans doute était-il trop tard ...

Il clôtura son allocution avec la demande, sérieuse, de connaître la raison de tout ça, de ce qu'elle avait exactement à lui reprocher. La réponse, en définitive, était toute trouvée. Même si, en cet instant, il avait un peu plus l'étoffe d'un prince, les points sur lesquels il s'était étendu n'étaient encore que triviaux, et abordaient à peine les sujets les plus importants à défendre. Si sa carapace d'enfant geignard s'enlevait peu à peu, elle était encore bien trop présente.



Sa voix avait tranché comme le couperet du bourreau, elle le savait, et elle ne s'en excuserait pas. C'était la vérité. S'il voulait comprendre pourquoi elle avait agi avec lui durant ces années, alors c'était là sa réponse. Il n'était pas son frère. Elle ne les comparait pas vraiment, c'était inutile, la différence était beaucoup trop frappante. Étant l'aîné, Aragon s'était toujours donné corps et âme à sa fonction. Il savait depuis le plus jeune âge qu'il était voué à régner, et avait toujours travaillé et donné de sa personne en ce sens. Il dormait aussi longtemps qu'elle, à savoir très peu. Sa chambre ? Très modeste et dépourvue de meubles puisqu'il n'y allait que pour se reposer ! Il se levait aux aurores, chaque jour que Naâme fait, et se rendait dans le bureau de sa mère où elle avait pris l'habitude de l'y voir - elle lui avait même aménagé un coin où il pouvait travailler et consulter les rapports, à terme, on lui libéra sa propre pièce de travail - et lisait tout ce qui avait trait au royaume. Il imitait sa mère à la perfection, et non pas pour lui plaire, mais bien pour le bien de son peuple et des terres qu'il allait hériter à son couronnement. Il étudiait avec plaisir et demandait toujours plus; le soir venu, il s'adonnait avec vaillance à ses leçons d'escrime, et quand celles-ci étaient pourtant terminées, il restait encore quelques heures supplémentaires à parfaire ses gestes. Il était l'héritier parfait qu'était en droit de mériter les Trois-Lieux, et Ariane ne pouvait pas être plus fière.

Valérian n'était son héritier que parce que Naâme avait décidé de rappeler auprès de lui Aragon, et son époux. Cela s'arrêtait là. Elle ne lui avait jamais caché qu'un jour, par la force des choses, il lui succéderait. Il avait obéi à ses ordres, oui. C'était justement ça, le problème. Il s'était toujours montré comme un prince passif, qui ne cherchait pas à être meilleur, qui ne cherchait pas à être roi puisqu'il avait la certitude de l'être. Dans sa jeunesse, il n'avait jamais cherché de lui-même à s'investir dans les affaires royales, et lorsqu'il le fit enfin, c'était avec zèle, inexpérience et folie.

Sans doute était-ce son propre tort, Dame Vitala lui avait ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Peut-être aurait-elle dû lui rappeler les enjeux de sa position, lui rappeler qu'elle ne serait pas éternelle et pas toujours là, derrière lui, à tout faire à sa place. Mais il était trop tard pour les regrets à présent, de même qu'il était trop tard pour espérer voir Valérian atteindre la perfection qu'incarnait son frère. Elle s'approcha de son fils, silencieuse et impériale, et, une fois arrivée à sa hauteur, déposa une lourde main sur son épaule.



Elle s'éloigna un peu. Plonger son regard glacial dans celui de son fils dans une telle proximité l'avait mise mal à l'aise. Sans doute, d'ailleurs, était-ce la première fois depuis des décennies qu'ils étaient aussi si proches physiquement. Elle avait cru voir dans ses yeux rivières une lueur qui lui rappela son défunt fils, et lui rappela également la bénédiction de Naâme. Elle s'était toujours montré inquiète du devenir de Valérian, en oubliant les événements du passé. Non, ce n'était pas tout à fait exact. Elle les avait tout simplement mal interprétés. Cette épidémie, elle avait toujours cru l'avoir mérité, sorte de punition divine pour avoir voulu obtenir davantage de la vie, et en conséquence, avait frappé sa famille de plein fouet, emportant époux et fils. Elle-même y aurait succombé si Naâme n'était pas intervenu et déclenché son Advictâme. Ariane avait vu cette action comme le rappel de la toute-puissance de son dieu, et avait voulu qu'elle survive à sa famille; que tout ceci fasse partie intégrante de la remontrance. Que Valérian y survive également lui était toujours apparu comme un accident, parce qu'il était encore trop innocent, ou tout simplement que parce que la famille royale avait besoin d'un héritier qui ne serait pas croquemite sur le trône. Aujourd'hui, si elle observait attentivement comment les choses s'étaient déroulées, elle était capable de comprendre que tout ceci était de la volonté de Naâme. Peut-être que si le prince cadet avait survécu, c'était parce qu'il avait une destinée importante, et qu'elle avait échappé à la pneumonie pour le guider, le préparer, et l'aider à éviter les pièges de la royauté. Si elle allait plus loin, peut-être même que ce conflit avec les Masques Maâlistes et le tremblement de terre qui s'en est suivi n'était qu'un ultime avertissement de Sa part, une épreuve pour que Valérian se révèle aux Trois-Lieux. Ariane soupira. Si tel était le cas, alors elle avait été une bien mauvaise servante naâmiste doublée d'une idiote.

Tout à coup, tandis qu'elle faisait dos à Valérian et qu'elle venait intérieurement d'envisager la possibilité que tout ceci était été planifié à l'avance, comme pour lui répondre, son pierre de vie rougeoya, diffusant une douce chaleur contre sa peau. Intriguée, elle l'extirpa de sous sa chemise et l'enserra dans le creux de sa main usée. Elle s'en étonna grandement, se demandant bien la raison de cette activation puisqu'elle n'avait pas développé le moindre symptôme de maladie, puis, sous ses yeux, la couleur de la pierre prit une teinte violacée avant de se coloriser totalement en un joli bleu roi clair et de s'éteindre. Elle était maintenant une transcendante accomplie et avait un quatrième don capable de déclencher des illusions. Avec gratitude, elle joignit les mains en prière contre son cœur, sa pierre de vie entre elles, et remercia intérieurement Naâme pour cette confirmation. Ariane la rangea ensuite de nouveau sous sa chemise.

 
Maintenant que Naâme avait ouvert ses yeux et qu'elle avait eu la révélation que Valérian avait plus à offrir qu'il n'y paraissait, Ariane éprouva un mal à l'aise qui lui était inconnu, ou du moins qu'elle n'avait plus connu depuis des décennies. Elle regrettait. Pourtant, femme forte de sa condition, elle s'était toujours flattée d'être pleine de sagesse; après tout, elle prenait toujours bien le temps de réfléchir longuement avant de prendre une décision, ou avant de s'adresser à quelqu'un. Aujourd'hui, elle se rendait compte que ces dernières vingt années, elle avait eu faux sur toute la ligne, et le pire, c'était cette conversation qu'elle venait d'avoir avec lui, et qui était bien trop dure. Assurément, Naâme était intervenu à temps avant qu'elle ne commette l'irréparable.

Elle n'eut pas l'occasion de revenir sur ses paroles que Valérian les avait déjà encaissées, et y réagissait. Non, non, non. Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu dire ! Évidemment que non, il n'y avait pas qu'une manière de faire ... Cependant, l'expérience et l'âge lui permettait de lui apporter de judicieux conseils, et elle pouvait lui éviter maints pièges dans lesquels elle-même était tombée autrefois. Mais pour peu que son fils cadet était comme elle, il voudrait faire ses propres choix, et ses propres erreurs pour ainsi bâtir sa propre voie. Comme elle l'avait fait. A la différence, c'est qu'elle était montée sur le trône à peu près à son âge, et sans personne pour la guider, ou l'aiguiller, et on ne pouvait pas dire qu'elle avait été durement préparée à son rôle de reine avant cela ...

Ariane tressaillit à son annonce d'entreprendre un voyage de longue haleine, avec les deux autres duchés comme points d'arrêts, et lieux d'observation. Même, elle lutta contre ses instincts premiers qui étaient de s'y opposer. Encore une fois, sa Majesté des Trois-Lieux estimait qu'il n'était pas sage d'abandonner ses responsabilités au palais pour une telle entreprise mais, tel un cuisant rappel, sa pierre de vie diffusa une douce chaleur contre sa poitrine. Apaisée, elle garda un silence religieux. Il avait raison. Il avait raison sur toute la ligne, et un sourire mutin apparut sur ses vieilles lèvres rigides. Si cela avait été Aragon, elle lui aurait accordé sa bénédiction tout de go, plaçant en lui sa pleine et entière confiance. Si ce n'était pas par amour maternel et débordant pour son Valérian qu'elle l'empêchait de déployer ses ailes, c'était qu'elle ne l'avait jamais imaginé être capable d'être autre chose ce qu'elle voyait en lui. Un enfant, comme il l'avait si bien compris. Il était béni de Naâme. Naâme l'avait touché et protégé par Sa grâce pour qu'il survive au malheur. Il le protégerait jusqu'à la fin, elle en était certaine.

Ses yeux se fermèrent, et tout le reste de son corps bougea pour elle sans qu'elle n'en commande rien. La reine, qui s'était retournée pour lui faire face, marchait désormais lentement vers lui. Arrivée à sa hauteur, elle stoppa net et ouvrit grand les bras, qu'elle passa de part et d'autre de Valérian avant de maladroitement l'enlacer. Le geste était boiteux, tremblant, et qui n'avait presque rien de naturel tant elle ne s'était plus donnée à autant de marque d'affection pour quiconque depuis si longtemps. Pourtant, elle ne s'en formalisa pas, et enserra son fils dans ses bras, posant sa tête contre son épaule.



L'étreinte dura encore un peu, avant que finalement, Ariane décide d'y mettre un terme. Sans le regarder, elle se détacha de lui et retourna à ses rosiers comme si de rien n'était. Elle était beaucoup trop mal à l'aise pour réagir différemment, et elle ne voulait pas briser ce moment par quelques paroles mal placées. Quelques tiges tombèrent dans les mains de la reine avant qu'elle ne brise le nouveau silence qui s'était installé.

 
Je veux juste apprendre, avait-il dit. Ariane grinça des dents. Toutes ces années durant, il ne lui avait jamais fait cette impression, tout au contraire. Mais si Naâme venait de lui ouvrir les yeux, c'était bel et bien parce qu'elle avait été aveugle tout ce temps. Aveuglée par son propre chagrin. Aveuglée par le fantôme d'Aragon. Qu'elle avait été sotte de ne pas s'en apercevoir plus tôt. Elle lui avait très souvent reproché des choses alors qu'elle s'employait malgré elle à ce qu'il échoue. Les dés étaient pipés dès le début, pour Valérian. Et malgré tout, jamais il n'avait cessé d'essayer.

Quand il s'approcha d'elle, déposa sa main juvénile contre sa joue, elle lutta contre un mouvement de recul avant de finalement accepter le contact. D'abord, parce qu'on ne connaissait pas sa Majesté comme étant la plus chaleureuse physiquement qui soit, et ensuite, parce qu'elle gardait toujours à l'esprit qu'il pouvait, d'un simple contact, accéder à son passé. Qu'il soit l'élu de Naâme ne l'autorisait pas à connaître tous ses secrets, et surtout pas celui qu'elle s'évertuait obstinément à lui cacher. Ce qu'il ignorait ne pouvait lui faire de tort.

Mais ce qu'elle craignit arriva, Valérian usa de son don pour voir quelques pans de son passé. Une boule d'angoisse se forma au creux de ses entrailles, tandis que sa respiration s'accéléra. Ses prunelles glacées bien ancrées dans celles de son fils, elle sonda sa volonté et se détendit aussitôt. Il ne cherchait pas aussi loin, mais tentait de comprendre le pourquoi d'un tel revirement de situation. Il eut sa réponse, et extirpa la chaînette d'argent par laquelle était suspendue sa pierre de vie, désormais bleutée. Il s'extasia alors d'un bonheur enfantin, comme un bambin heureux de recevoir le cadeau qu'il avait ardemment désiré. Mais une fois sa joie passée, son fils parla avec sagesse, priant pour instaurer une paix dans leur relation et quémandant davantage de responsabilités. Elle fut rassurée de savoir qu'il n'avait pas vraiment l'intention d'aller observer les familles Rochefer et Tendrion dans leur duché respectif.

En l'écoutant ainsi parler, et en l'observant de cette vision nouvelle que lui avait offert Naâme, Ariane découvrit comme un nouveau Valérian. A ses yeux n'apparaissait plus l'enfant rêveur, la biche effrayée comme l'appelait Dame Vitala, mais bien un jeune prince fort, un futur dirigeant. Elle entrevit toutes les possibilités d'un avenir radieux où il serait à la tête d'un pays uni. Mais quelles tâches pouvait-elle lui déléguer ? La réponse se faisait évidente, désormais : tout.