[EG] SUJET de MILAN & ILCLASTE (Jusqu'à 25.05 minuit)

HRP : Ce post d'introduction c'est le meilleur des post d'introduction

Froid.
Il avait froid.

Mais ça, ce n'était pas si étrange. Il avait souvent froid ces derniers temps... Ah ça oui, elle était loin la chaleur rassurante de son foyer... Si loin qu'il l'avait presque oublié...

Alors, cette nuit, Ilclaste avait froid. Comme celle d'avant et celle d'encore avant. Rien de neuf sous la lune des trois-lieux, car l'histoire n'avait fait que se répéter : Ilclaste Sang-blanc avait fait un connerie, une sacrée connerie, et quand les conséquences lui étaient revenus en pleine tête, il s'était retrouvé à avoir froid la nuit... Car ici, dans le domaine de Vitala Rochefer dont il était devenu l'esclave, personne ne s'intéressait à son confort.

N'empêche que... Le sol était quand même vachement dur, inconfortable, froid et inhospitalier. Il en avait passer des nuits de merde ici, mais là ça frôlait le record !

Mais aussi mauvaises étaient ses nuits, ses journées étaient pires, alors il garda les yeux fermés en espérant, vainement, que cette fois on allait pas venir le réveiller à coup de fouet.

Faire semblant de dormir c'était la bonne option, parce que faire semblant d'être mort n'avait pas été très concluant... En témoigne ses côtés fêler d'avoir été frappés à grand coup de bottes.

Vie de merde. Ouais sûrement, Clastou, mais peut-être que cette fois ça t'appendra à fermer ta grand gueule de Sang-blanc.

Tiens... C'est étrange. Y'a bien quelqu'un là, proche de lui, mais les coups de fouets ne viennent pas. Pas que ça dérange le fauteur de trouble, mais ça l'interroge. Assez même pour qu'il ouvre une paupière jusqu'à être aveuglé par la blancheur environnante.

Poussant un juron qui proposait au Dieu Kamaâl d'utiliser son orifice rectal-qu'il n'avait peut être même pas-de façon innovante, l'ancien taulard couina en se plaquant les mains sur le visage.

C'est sûrement à cet instant qu'il réalisa qu'il ne souvenait même pas de la veille... Il ne souvenait pas ce qu'il avait fait. Mais il en était sûr : ici, c'était pas le chenil dans lequel on le faisait dormir.

Merde. Peut-être qu'il était mort !

-Oh bordel... Grogna-t-il. S'il était vraiment mort, Athina allait le tuer.

Dépliant sa carcasse, il jeta un regard à ce qui l'entourait...

-Oh bordel... Répéta-t-il en se pivotant sur lui-même, avec la certitude que son imagination n'était pas l'origine de ce qu'il voyait et qu'il n'y avait donc qu'une explication...


-Sérieusement ?! J'suis mort !

Attendez, on lui avait parlé des terres célestes qui devaient accueillir les âmes protégées par Naâme... Sauf que...

-On est en terres célestes ? Devait pas y avoir plus de ... Verdure ?! Interrogea-t-il en arrêtant son regard sur trois pots de fleurs dans lesquels trônaient de modestes plantes, qu'il approcha avec une moue déçue.

A défaut d'une délicate enfant en jupon, son Alice du jour tenait plus du Gladiateur évadé d'un Ridley Scott. Le fumet délicat des écuries l'entourait comme une aura particulièrement efficace contre toute tentative d'approche non désirée. Sorte de cul-terreux tout droit sorti d'un chenil, il avait le teint blême et probablement connu des jours meilleurs.  
Point commun avec la blondinette : le langage. Aussi délicat, fleuri et printanier.

Milàn l'effaça d'un regard (oui, c'est possible de faire ça). Il rêvait forcément et n'avait pas du tout envie de prendre part à l'action de ce rêve-là bien trop réel en termes olfactifs. Il attendit donc quelques instants - pendant lesquels l'autre grogna et jura - que quelque chose se passe. Les événements loufoques qui se déroulent dans les rêves, par exemple…
Ne voyant rien venir, le doute le saisit.

Adepte du cauchemar en tout genre, il avait pris pour habitude d'être particulièrement vigilant pour les détecter et les écraser. Depuis le 12 juin, les bûchers et l'épopée fantastique que marquait cette période, il avait mis au point une rigoureuse stratégie de détection de rêves éveillés. A savoir :

1. S'interroger. Avait-il été empoisonné ? Fait une chute ? Pris des drogues ? Eu un accident ? A priori… non. Bien que pour inventer de tels objets/ individus, il commençait à se questionner sur la qualité de son café.
2. Vérifier les objets inhabituels autour de soi. Ses yeux se posèrent sur ce qu'il estima être une paire de testicules lyophilisés. Un bon point pour le rêve.
3. Prendre en compte les gens autour. A en juger par le comportement de l'ours qui s'éveillait… il n'y avait rien de normal. Pourtant… l'étonnement qui transparaissait dans ses réactions laissait à penser que lui non plus n'avait rien à foutre là, en théorie. Ex aequo.
4. Tester ses forces et capacités. Non, il ne pouvait toujours pas voler. Si cela paraissait rassurant à première vue, cela faisait un point en moins pour le rêve. Ce qui pour le coup, perdait en réconfort. Match nul.
5. Et pour finir, le fameux test de lecture. On vous l'a suffisamment rabâché si vous avait entamé une thérapie pour suspicion de schizophrénie, il est impossible de lire dans un rêve, les mots se déforment, sont changeants et la continuité n'est donc pas assurée. Redoutable.
Le théologien fouilla la pièce des yeux à la recherche d'un ouvrage qu'il ne tarda pas à découvrir sur la table ronde. Poussiéreux et au fumet repoussant, il était si vieux que le titre en était illisible. Voilà qui s'annonçait de bon augure.
Il ouvrit une page au hasard, fermant son esprit au chapelet de juron que s'enfilait son acolyte – comme des perles, mais en moins glam – et la parcourut des yeux.

« Après l'avoir fait chauffer à blanc, l'insérer entre l'œil et la paupière. Laisser poser jusqu'à fonte de la cornée. Lorsque l'humeur aqueuse du sujet se sera entièrement évacuée, retourner le fer vers le fond de la pupille pour… »

- Putain… Murmura l'effaceur….

Tournant rapidement d'autres pages, il eut le loisir de constater qu'elles étaient toutes du même acabit, et il fut surpris d'apprendre qu'on pouvait faire parler un homme avec une simple feuille de chêne, à condition de savoir l'utiliser à bon escient. *
Il referma le volume d'un coup sec – dégageant par la même occasion un nuage de poussière qui constella de blanc le pelage noir d'un chat en peluche immaculé à l'origine.

Le cœur battant, l'effaceur eut un mouvement de recul et reconsidéra la pièce avec une inquiétude nouvelle. Cet amoncellement d'objets lui faisait mal au crâne.
A la recherche d'une issue à cette situation douteuse et délirante, il avisa la porte. Contournant soigneusement la bestiole qui n'avait pas encore manifesté de signe de vie et l'homme douteux à qui il n'adressa pas un regard, il atteignit la porte et en actionna la poignée. Cette dernière tourna dans le vide, refusant l'ouverture de la porte. Pas de serrure.

- Putain.** Qu'est-ce que …

Milàn se retourna brusquement, le non-rêve prenait des allures de cauchemar. Il envisagea alors l'inenvisageable. On l'avait transporté ici après l'avoir drogué. Ou encore, un sorcier qui avait été biberonné au Kubrick lui jouait un mauvais tour.

Distorsion de la réalité…  Narcotique… Marcheur de rêve. Son esprit fusait, proposant plus d'hypothèse que ne pouvaient en supporter sa raison.

- Comment êtes vous arrivé là ? Lâcha-t-il brutalement à l'attention de l'autre, tâchant de maîtrisait l'angoisse qui montait.

Et qui avait viré la femme de ménage?




*Pour plus de renseignement, l'auteur vous invite à lire Les secrets de la douleur bien appliqués – théorie et pratique volume 1 p 173.
** Promis, on fera appel à un dialoguiste pour la suite.

HRP : Je fais un post un peu court pour accélérer un peu le truc, je devrais pouvoir faire une à 2 rep par jour à partir d'aujourd'hui


Si l'autre gus semblait pisser dans ses bas Ilclaste, lui, était plus intrigué qu'effrayé.. Il regardait ce qui les entourait, avec curiosité... C'était quoi ces objets ? C'était quoi ces vêtements ? C'était quoi ce... MORGG ?! Oh bordel.

Devant la vision de la bestiole il se figea.

-Bouclez là ! Marmonna-t-il à l'adresse de l'autre en lui faisant mine de se taire et en montrant la bestiole ronflante, alors qu'il reculait doucement vers l'arc et la flèche. Bon normalement la bestiole était attachée... Pas de risques, hein ? Mais mieux vaut ne pas la lâcher du regard, alors il recule à tâtons.

Une pensée lui vient... Pourquoi avoir peur de mourir, si il est déjà mort ?

Peut-être parce qu'il n'est pas vraiment mort ? Mais alors c'est quoi ce drôle d'endroit ? La bête grogne dans son sommeil. Ilclaste dégluti, et recule avec plus de précipitation. Son pied gauche se pose sur un truc d'abord un peu mou, puis qui résiste, une texture étrange qui lui fait regarder sur quoi il a foutu les pieds. On dirait... un être humain ? Une femme, nue. Une sorte de poupée faite d'une texture inconnue et pleine d'air. C'est quoi cette merde ? A le temps de se questionner le chasseur alors que sous son pied il sens la pression brutalement céder. Ça fait un bruit démesuré. Un "CLAC" sonor, suivit d'un "PSSSHHHIT" alors que la "femme" s'affaisse sur elle-même et se vide de l'air qui lui donnait sa forme.

Et là, tout se passe très vite, Ilclaste, déséquilibré, bascule en arrière en jurant, alors qu'il aperçoit le morgg, réveillé en sursaut, bondir sur ses pattes.

Dans sa chute, le chasseur sent son crâne frapper contre la table ronde. La douleur fulgurante lui brouille la vision alors qu'il aperçoit entre les larmes qui perlent au coin de ses yeux, la bête bondir en sa direction, tendre la chaîne en vomissant des rugissement féroce.

*Heureusement qu'elle était atta...*

Se prend-t-il à penser avant d'entendre un bruit redoutable... Celui de quelque chose qui cède... Un son claquant et métallique qui lui fait redouter le pire, jusqu'à ce qu'un le martèlement glacial ne lui confirme que la bête est en train de se jeter sur lui...

Le morgg est déjà est sur lui. Il a juste le temps de tenter de le repousser en essayant de lui garder la gueule hors de porter. Ses mains moites s'accrochent à l'encolure de la bête, pour éviter que les crocs démesurés de la bête de le taillent en pièce... Sous ses doigts, il sent le collier métallique de la créature et à cette pensée étrange, incongrue, alors qu'il sent ses forces faiblir sous la puissance de la bête :

*Tien, s'marrant, y'a quelque de gravé sur ce collier...*


- !

Un peu comme un film. Sans les ralentis. Sans la page de pub. Et sans la musique aussi.
Milàn assista, désolé, au réveil de la bête au bois dormants. Plus bruyant qu'un troupeau d'éléphants, ce dernier lui intima de se taire. L'effaceur, répliqua d'un œil courroucé. Même quand il essayait de réfléchir cette espèce de gardien de chenil faisait plus de bruit que lui.
Le temps de faire trois mouvements et l'homme trébucha sur une réplique de Clara Morgan vulgairement plastifiée avant d'aller échouer massivement sur la table à côté de lui dans un bruit de boîte crânienne souffreteuse.
Portant une main à son front, le théologien poussa un soupir de lassitude intense et allait répondre de façon cinglante lorsque la bête – la seconde – se déchaîna. Il fit un bond de côté. Il n'était plus à prouver qu'il détestait les chiens. Et encore plus lorsque ces chiens n'en étaient pas vraiment. Sorte de … tigre à dents de sabre à rayures.
A force de tirer sur la chaîne, celle-ci cassa et Milàn se jeta de côté pour éviter la bestiole bondissante tous crocs dehors.

Balayant très rapidement les solutions possibles, Milàn avisa l'épée – ne s'appelant pas Arthur, il la relégua en second choix - une hache et un saladier de Pommes.  
S'il était peu enclin à l'idée de faire de la chose un gigot ensanglanté, la possibilité d'être lui-même la prochaine proie – quand il aurait jugé que celle-ci sentait trop mauvaise pour être consommée – ne l'enchantait encore moins.
Attrapant la première pomme qui venait – celle d'Alan Turing à première vue – il la jeta de toutes ses forces sur l'animal en essayant d'attirer son attention. Au moment de l'impact des bips stridents retentirent dans la pièce, faisant froncer les sourcils de l'effaceur. Il en compta sept avant d'aviser la gueule béante et pleine de dents qui s'était tournée vers lui sans pour autant lâcher sa proie des griffes. Milàn saisit la hache, se demandant encore s'il aurait le courage de pourfendre de la chair comme un garçon boucher. La bête le regarda dans les yeux, le poil hérissé et se dirigea vers lui, les muscles bandés prêt à charger.

S'en suivit une scène confuse où la bête bondit sur l'homme qui en réflexe brandit la hache en la tenant à deux mains. La mâchoire de la créature se referma sur le manche tandis que la lutte s'intensifiait et qu'une voix glacée de jouet cassé émanait de la poupée posée sur la table.

- Crame-le… susurra-t-elle, il aimera pas ça je te le garantis. Ils ont peur du feu… Atroooocement peur. Et elle éclata d'un rire suraigu.

Tout en maintenant la bête à distance, l'effaceur parcourut la pièce des yeux. Inattention fatale, puisque la créature secoua violemment la tête, envoyant valser l'effaceur comme s'il n'avait pesé que quelques grammes. Ce dernier atterrit au milieu de bocaux dont il se refusa à identifier le contenu conservé dans du…

- Formol….

Saisissant l'un des bocaux il le jeta vivement à la tête du tigre. Il se brisa contre le poitrail de la bête qui rugit, glaçant le sang des habitants de la pièce. Il avait pensé utiliser son briquet mais ne le trouva nullement dans sa poche.

- Allons, t'es sorcier ou pas? Gloussa moqueusement la poupée.


Milàn se tourna vers elle et réprimant une forte appréhension à s'en approcher, s'empara de la baguette magique qu'elle "tenait" sur les genoux. Un court instant, il imagina la poupée lui sauter au visage, se saisir de son bras, se jeter à sa gorge et toutes autres joyeusetés issues d'un film d'horreur mettant en scène une poupée et un poignard. Elle n'en fit rien néanmoins. Baguette en main, il demeura pantois une fraction de seconde, avant de l'agiter dans un pur réflexe de survie.
Cette dernière émit un son strident avant de produire tout un tas d'effets interlopes. Une gerbe d'étincelle bleues remonta le long du bras de Milàn en sifflant, tandis que d'autres se ruèrent sur la bestiole aspergée, mettant le feu au formol – à défaut de la poudre.
La créature hurla de plus belle alors que son pelage s'embrasait et se mit à ruer en brisant la moitié des objets de la pièce, se démenant comme une chose démente sous le coup de la peur et la douleur. De son côté, l'effaceur avait lâché la baguette folle et la piétina pour en faire cesser les feu d'artifices qui en émanaient.

Dans son coin, la poupée se mit à chanter d'une voix criarde.

Un tigrounet
Qui n'aimait, qui n'aimait pas flambeeeeer
Un tigrounet
Qui aurait bien voulu t'dévorer…
Tigrounet, tirgounet va crever….
Tirgounet, tigrounet va cramer
T'as intérêt à choper son collier
Sinon tu vas rester enfermé.*

Six bips retentirent lorsqu'elle parvint à la fin de sa chanson.

Sans quitter des yeux la créature qui brûlait vive en dégageant une odeur de poils calcinés, Milàn s'enquit.

- Pas trop de dégâts ?



*Sur l'air de meunier tu dors.
On vous avait promis un parolier.

Le dos contre le sol froid de la pièce, Ilclaste haletait plus qu'il ne respirait. Il s'était vu mourir... La preuve peut-être qu'il n'était pas déjà mort.

Ce qui était une ... Bonne nouvelle ?

Sûrement oui... Dans une certaine mesure.

Dans la pièce, l'odeur de chair brûlée emplissait l'espace. En se massant la tête, tout en se redressant, le chasseur regarda de loin le cadavre de la bête qui fumait comme un vieux bout de viande oublié sur le feu. Heurk.

Un frisson le parcouru quand il posa les yeux sur la "chose" qui chantait... Il lança un regard inquiet à l'autre gars, espérant que l'autre comprenne un peu mieux que lui ce qui se passait, mais ce n'était visiblement pas le cas...

Une hésitation, avant de bredouiller :

-Heu, ouais, ça va... Merci vieux...

Il tendu sa pogne à l'autre; histoire de se présenter dans les formes.

-Ilclaste Sang-blanc, de Lackness.

Son regard vogue entre la bête calcinée, la baguette et la poupée...

-Comment... Comme t'a su que s'bout de bois allait le faire flamber.. ? Demande-t-il perplexe alors que l'immonde poupée chatonne toujours.

*T'as intérêt à choper son collier
Sinon tu vas rester enfermé.*

Qu'elle fredonne cette saloperie et Ilclaste se souvient : la gravure sur le collier. Intrigué il s'avance vers le morgg tout en continuant de jeter des regards par dessus son épaule pour vérifier que la poupée, elle, ne bouge pas - parce que c'est déjà assez flippant qu'elle chante.

Il avise le seau d'eau qui traine là, et l'attrape. Jetant son contenu sur les restes fumants, il fronce le nez face à l'odeur, mais se force à approcher pour défaire le collier.

-Y'a un truc écrit sur le collier... Qu'il explique à l'autre qui doit se demander ce qu'il branle.

Une fois l'objet décroché du cadavre, le chasseur se rapproche de Milàn et le lui montre.

-Tu crois que faut écouter s'qu'à dit cette saleté ? Il désigne la poupée du menton.

-Qu'faut suivre les indications du collier ?

Frottant l'objet pour mieux distinguer la gravure qu'il contient, il grimace en découvrant les mots "Un nouveau collier pour le pendu"

-Parce que j'sais pas à quoi on joue avec nous... Mais c'est franchement d'mauvais goût...

Commente-t-il en arquant le sourcil, alors que son regard glisse sur le squelette pendu au centre de la pièce.

-Ecoute... J'veux bien m'y coller, à lui mettre ce collier, mais j'vais avoir besoin que tu me fasses la courte échelle... 'S'est pendu court le con.

Nul doute, la particule de nos jours ne voulait plus rien dire. Sang-blanc, sang-bleu… Tout partait à vau-l'eau.

Il considéra la main tendue et se contenta d'hocher la tête en signe d'acquiescement avant de débiter :

- Milàn James.

En réponse à la question sur la baguette, il haussa les épaules. A l'évidence, celui-ci n'était pas un informé. Mieux valait éviter les explications foireuses.
Il suivit des yeux le garçon de chenille de Lackness pendant qu'il s'escrimait à récupérer le collier de la bestiole. La puanteur était loin du cochon grillé. On sentait que tout comme l'homme, la bête n'avait pas vu d'eau depuis quelques lunes.

- Sérieusement on va mettre un collier à … Lâcha l'effaceur blasé.

T'es pas obligé,
Mais tu vas crever.
Tu peux aussi glander
Mais il va te bouffer.

Chacun fait ses choix
Tu t'étonneras pas
Si jamais tu finis
Par crever ici.*


- Et si on lui met, on crève pas c'est ça ?

- Pas tout de suite, en tout cas. Gloussa-t-elle à nouveau.

Il était sept petits défis
Il était sept petits défis
Qui doivent bien être accomplis
Qui doivent bien être accomplis
Oh oui Oh oui

Et oui et oui mes jolis
Va falloir réveiller vos esprits
Et oui et oui mes jolis
Si vous voulez pas crever ici. **

Le théologien hésita un court instant en avisant la baguette au sol, tout à l'envie de poursuivre ses élans de pyromanie en testant sur la poupée. Il restait un flacon du même acabit.

- T'avises même pas d'essayer ! Mugit-elle d'une voix d'outre-tombe qui fit sursauter l'homme.

- Et bien … allons parer la dame, je suppose. Soupira Milàn en levant les mains en guise de bonne foi.  

Intérieurement, son esprit allait à toute vitesse. Les bips. Un de moins. La poupée. Le nombre 7. Des défis. Tout ça ressemblait à une mauvaise blague. Bien réelle.

En soupirant, Milàn tendit les mains pour que l'autre se hisse en s'appuyant sur lui.

- Attention il mord ! Persifla la poupée d'un rire glacial le faisant à nouveau sursauter.

- Fait gaffe… ça va déclencher un truc. Il va probablement bouger ou … je ne sais quoi.

A peine eût-il achevé sa phrase que le squelette lui décrocha un magistral coup de pied dans la rotule, le jetant au sol, son compagnon resta suspendu par le cou, les deux mains du squelette s'étant refermées autour de sa gorge.

- Il veut que tu comprennes ce qu'il a ressenti… le pauvre minauda la poupée d'une voix geignarde.

Si elle chante encore, je la noie dans le jacuzzi… songea-t-il en grimaçant.

Tâchant d'ignorer la douleur qui lui lancinait les genoux Milàn essaya de soutenir son camarade pour l'empêcher de suffoquer .Il évita les deux premiers coups de pieds du squelette soudainement déchainé, mais le troisième l'atteint en pleine mâchoire et le jeta au sol une seconde fois.

*Sur l'air d'au clair de la lune.
** Sur l'air de il était un petit navire.

Surtout, n'oubliez pas les paroles.

L'ingrate besogne l'attend... Il ne réfléchi pas vraiment à la moralité de la chose. Il veut sortir et la poupée l'a dit : pour sortir, il faut obéir, alors soit. Et puis... Foutre un collier à un pendu, il a déjà fait pire.

Alors avec l'aide de Milàn il se hisse et, un peu vacillant ( car leur prestation ne vaut à peine la moyenne à l’épreuve d’acrosport) , il approche ses mains pour nouer le collier au cadavre alors que son porteur le met en garde "Fait gaffe"...

Mais c'est trop tard, il a refermé le collier et à l'instant même quelque chose l'a attrapé par la gorge. Le chasseur suffoque alors que les mains squelettiques lui compriment la gorge.

Bordel, comment ce truc peut avoir autant de force sans le moindre muscle !!!

Ilclaste se débat comme un poisson hors de l'eau, et sent Milàn essayer de lui assurer un appui pour ne pas finir complètement pendu. Merci mon gars...

Mais la ruse ne semble pas plaire au squelette qui le soulève toujours plus et, bientôt, les yeux embrumés d'Ilclaste croisent les orbites creusent du mort qui semble pourtant bien le regarder, le juger.

*Lâche moi !*

Voudrait hurler le chasseur, mais sa gorge broyée ne lui permet que de sortir des sons étouffés. Cette fois c'est sûr, il va crever.

C'est à cette certitude qu'il sent alors sa pierre de vie, pendant à son cou, s'illuminer d'une teinte rouge. Naâme est avec lui ! Hourra songe-t-il alors que la magie enveloppe ses bras d'une lueur rouge*.
Proche de l'évanouissement, Ilclaste sait ce qui lui reste à faire et puisqu'il est à porté de visage, il lance ses poings furieux vers la tête du squelette, qui explose à l'impacte.

A deux ils chutent et le mort, ayant à peine eu le temps de profiter de son nouveau collier, explose en milles éclats à l'impact. Le chasseur quand à lui s'en sort mieux, toussant, la gorge douloureuse, il peut de nouveau respirer.


Et au fond de la pièce la poupée semble aux anges. Il l'entend rire et rire encore d'un rire plus sinistre que jamais avant de fredonner :

Mon petit pendu qui prit sa volée**
Qui prit sa-, à la volette
Qui prit sa-, à la volette
Qui prit sa volée

Il prit sa volée sur un beau crochet
Il prit sa volée sur un beau crochet
Sur un o-, à la volette
Sur un o-, à la volette
sur un beau crocheeeeeet

-Tu vas t'en prendre un aussi de crochet, tu vas voir ! Gronde le chasseur dont la voix est encore enrouée par l'étranglement. Menace qui ne semble pas inquiéter la poupée qui entonne une nouvelle mélodie

Trois ptite plantes, Trois ptites plantes,Trois ptites plantes plantes, plantes
Veulent de l'eau, veulent de l'eau, veulent de l'eau eau eau
Arrose les, Arrose les, Arrose les les les...


Mais, avant même que les prochains bips ne se fassent entendre, le chasseur, furieux qu'on joue ainsi avec sa vie s'avance à grandes enjambées vers la poupée pour se planter face à elle en vociférant :

-Et toi salope, tu veux pas qu'on t'arrose ?! Hein ?!

Qu'il la provoque en délaçant ses bas dans la ferme et inconsciente résolution d'offrir à l'objet maléfique une golden shower de son crue...


*Activation du deuxième don de l'Advictâme, qui donne, brièvement une force sur humaine Au porteur

**Mélodie de "La volette"

Se relevant dans un débris d'os dont il n'aurait pas voulu reconstituer le puzzle malgré ses connaissances en anatomie, Milàn évita de justesse son compagnon d'infortune qui chuta lourdement. Les dents serrées, le théologien se passa une main sur sa mâchoire douloureuse avant de jeter un œil à l'autre. 5 bips venaient de retentir.
L'œil mauvais, l'humeur sombre, l'effaceur réprima son envie de noyer la poupée dans le jacuzzi pour qu'elle la ferme. Il écouta néanmoins la chanson, conscient que leur survie en dépendait.

- Arrêtez de l'insulter. Elle veut déjà nous buter en étant de bonne humeur…

Les plantes donc.

Le théologien avisa les trois pots. Orchidées, gardenias et … Plante non identifiée. Et pour tout dire, non identifiable vu ce qu'il en restait.

- Elles ont soif ? On va s'occuper de ça.

Un peu agacé, Milàn effectuait de grands gestes sans ménager nullement le premier pot qu'il empoigna. L'orchidée. Elle était de taille considérable et ses boutons qui étaient sur le point de s'ouvrir s'agitèrent vivement au rythme des à-coups provoqué par le transport rapide qu'elle subissait.
Parvenu devant le jacuzzi, Milàn plongea la plante dans l'eau et attendit, vigilant, prêt à retirer sa main au moindre signe suspect de la part de la plante. Son imagination sans borne avait déjà envisagé qu'elle se transforme en une monstruosité carnivore, qu'un alligator émerge des profondeurs du bac pour se jeter sur eux. Ici même, dans cette pièce, tout lui semblait possible désormais.

Il n'en fut rien.
Comme en réponse au manque de douceur de ses gestes, l'orchidée se redressa avec grâce sous l'effet de l'hydratation, et ses boutons s'ouvrirent avec délicatesse sous les yeux suspicieux de l'effaceur.
L'un d'eux, plus gros que les autres, laissa échapper une petite fiole qui glissa au fond de l'eau.

- Et merde… il est là l'alligator… Tenez moi ça. Annonça-t-il gravement à son compagnon en lui tendant le pot de la première plante.

Une fois les mains libres, il s'agrippa au bassin avec l'une et plongea l'autre dans l'eau à la recherche de la petite fiole. Ses doigts s'y accrochèrent rapidement et il l'extirpa rapidement de l'eau avant qu'une nouvelle catastrophe ne puisse leur arriver.

Rien n'arriva.

- … drink me ? Lut-il sur une petite étiquette qui avait résisté aux dégâts aquatiques.

L'œil noir, il regarda le liquide ambré qu'elle contenait. Il jaugea rapidement la chose, fronça les sourcils et tendit brusquement la fiole vers son acolyte.

- A vous l'honneur.


S'il fallait réanimer quelqu'un, il avait plus confiance en ses propre compétences de médecines qu'en celles du gardien de chenil.

Ilclaste était prêt à le faire : il allait lui pisser dessus à cette odieuse poupée !

Une vengeance des plus vulgaires, mais voilà des semaines qu'il dormait dans l'équivalent d'un chenil, alors, à trainer avec les chien, à être traité comme tel, on finit sûrement par prendre certaines de leurs habitudes : comme celle de pisser partout.
Bref. Ilclaste allait baptiser la poupée quand la tête de celle-ci se mit à tourner sur elle-même en susurrant d'une voix mielleuse et sinistre un :

-Vas-y essaye pour voir mon petit.

Qui coupa nette l' intention du chasseur. Cette chose était vraiment maléfique... Digne d'un rêve. Manquait pas qu'elle s'appelle Vitala et le cauchemar d'Ilclaste serait parfait.


Dans son dos, son binôme en drôle de tenue semblait, lui, inflexible, imperturbable, et terriblement terre à terre. "Arrêtez de l'insulter. Elle veut déjà nous buter en étant de bonne humeur… "

Pas faux. Et même mieux : complétement vrai.

Alors, le chasseur rangea sa virilité au chaud en se disant qu'il trouverait bien une autre façon de se venger de la poupée. Pendant ce temps là, Milàn n'avait pas traîné, et avait obéit aux ordres de l'objet.

*Putain, un vrai chien chien celui là...* Songea l'homme de chenil en se tenant à distance au cas où. Il observa le phénomène avec un oeil distant, arquant un sourcil quand la plante s'ouvrit.

*Alors moi je me tape le morgg et le pendu, et lui il a la jolie plante. y'a du favoritisme moi-j' dis.* Ronchonna-t-il.

Il l'entendit alors parler d'alliga... Quoi ? C'était quoi ce truc ?

Apparemment, un "alligator" était ce que lui aurait appelé une "fiole". C'est du moins ce qu'il voyait dans la main de Milàn lorsque celui-ci lui proposa de la boire. A "l'offre", Ilclaste arqua un sourcil.

Sérieusement ?! S'il savait où il pouvait se le mettre son alligator ! Quoi que... Avec le balais qui devait déjà être en place, pas sur que le petit alligator en verre arrive à passer.

Pourtant, le chasseur tendit la main et attrapa l'objet. Il le fit tourner dans sa paume et regarda le liquide qu'il contenait... Une idée germa alors. Et si Milàn n'était pas aussi prisonnier qu'il le prétendait ?

Ilclaste n'avait pas envisagé cette éventualité, mais brusquement elle lui semblait bien réelle. Dans cette pièce il avait deux ennemis : la poupée et ce gars sans pierre de vie. Alors ses lèvres se courbèrent d'un sourire et lorsqu'il releva les yeux vers le londonien et qu'il se contenta de lui répliquer :

-Va chier.
Avant de referme sa pogne sur la fiole et de la jeter à travers la pièce. L'objet fit une courbe presque artistique et s’exposa contre l'épaule du dragon de pierre. Le liquide qu'il contenait éclaboussa la roche pâle... Puis sembla être absorbé par celle-ci... Et alors, Ilclaste entendit quelque chose d'affreux : un cri furibond de la poupée, qui gémissait :
NOOOOOOON


S'il ne comprit pas tout de suite, il réalisa ensuite que la pierre de la statue venait de s'écailler, se fissurer, et bientôt le dragon qu'elle tenait emprisonné se dégagea de son emprise.

La pierre se fracassa au sol alors que la bête aux écailles pâles, ouvrait ses ailes, déployait son cou, en poussant un cri de joie humain :

-OUI ! Enfin ! JE SUIS LIBRE !

La bête avait les yeux aussi jaunes que ceux d'un croquemite. Et Ilclaste eut tout le temps de les contempler quand elle les planta sur lui en lui lançant un amical :

-Merci.

Auquel il répondit, plus par habitude que par honnêteté, un

-Heu... de rien.


*Est-ce que je viens de tapper la discute à un dragon ?!*

Apparemment oui, et apparemment ça ne semblait pas choquer le-dit dragon qui marchait vers la poupée, complétement désintéressé par les deux humains.

S'arrêtant devant l'hideuse poupée, le reptile découvrit un rangée de dent en grondant :

-C'est fini @Cosmos! Sale petit traitre ! Tu croyais vraiment pouvoir m'emprisonner moi, le grand @Zhilla et maltraiter impunément mes joueurs ?!

Attrapant la poupée dans sa patte griffue, il l'avança vers sa gueule.

-Sort de cet avatar ! Montre toi, lâche, que je te dépèce comme il se doit !

La poupée s'était mise à pleurer et à déblatérer des excuses de la plus pitoyable des façon, mais le dragon ne se laissait pas attendrir. Il continua d'ordonner à "Cosmos" de se montrer.

Enfin, la poupée sembla accepter et une brume s’écoula alors de ses yeux et de son hideuse bouche. Ilclaste vit avec horreur la brume prendre une allure presque humaine... Du moins en partie, ce truc était bleu, étincelant comme une nuit d'été et n'avait pas vraiment de contenance ni de visage. Recroquevillée au sol, comme si elle se tenait à genoux, elle continuait à demander grâce au dragon qui la jugeait d'un œil impitoyable...

*C'est quoi ce BORDEL !* Se demandait Ilclaste complétement dépassé.

Fort heureusement, il avait été trop concentré sur la tâche botanique qui lui incombait pour remarquer le manège peu pudique de son comparse.

Les événements qui s'enchainèrent lui arrachèrent une foultitude de réactions, pianotant sur la gamme de l'effroi à la fureur en s'arrêtant sur un simili stupeur au vu de ce qui s'engagea ensuite. L'apparition du dragon acheva tous les doutes de l'effaceur. Ce rêve tenait du réel, certes, et il devait s'avouer qu'il commençait à s'inquiéter profondément concernant sa santé mentale vu les protagonistes que son esprit était capable de créer, mais là, il paraissait clair qu'on ne pouvait être dans la vraie vie.

Distorsion du temps, monde parallèle, tout mais une explication à caractère potentiellement rationnel, par pitié.

Le dragon avait pris vie, la poupée était une sorte d'avatar nébuleux bleuté qu'il se sentait bien en peine d'avoir imaginé lui-même…

- Putain mais tu pouvais pas boire cette fiole et qu'on en finisse de ce rêve ?

L'espace d'un court instant, Milàn se vit attraper l'épée, la sortir de la roche – se faire proclamer roi des * - et tailler dans le vif et la foule de cette pièce trop exigüe pour le monde qu'elle contenait.

Respire.

La nébuleuse continuait de gémir tout en rampant au sol d'un air pitoyable, sous le regard – qui l'était beaucoup moins - du dragon majestueux. Ce dernier émettait de sourds grondements qui remontaient de sa poitrine écaillée et suivait les mouvements et jérémiades de l'autre.

- Zhilla, grand Zhilla tu sais bien qu'il n'y a que toi. Que tu es le seul et l'Unique. Le grand maître de l'univers…

Elle s'éloignait de lui en répandant ses paroles mielleuses, s'agrippa à la table. Milàn eut la fugace impression qu'elle y ramassait un objet minuscule et fronça les sourcils tout en continuant à observer la scène.

- Tu sais bien que jamais…

La phrase resta en l'air, comme le souffle des trois protagonistes qui demeurèrent dans la pièce. Garçon de chenil, dragon et effaceur eurent beau écarquiller les yeux, Cosmos venait de disparaitre sous leurs yeux. Aussi brusquement que si on l'avait effacé du décor… ou de la réalité.

Le temps d'un soupir, d'échanger un regard avec son acolyte et déjà le dragon s'agitait.

- Il n'est pas à toi !!!!!! Rugit-il en faisant trembler le sol.

Aucune réponse ne vint en écho à son tonnerre de jurons. Le Dragon avait beau tourner la tête en tous sens, il ne semblait pas plus voir de traces de Cosmos que les deux autres. De son côté, Milàn avisa la pagaille de la table ronde, l'esprit à la recherche de l'objet disparu.

L'anneau.

Dans un coin de la pièce, un mouvement attira son attention alors que l'épée sortait de la roche par-elle-même. L'effaceur ouvrit la bouche mais déjà l'épée s'éleva comme par enchantement et se dirigea droit vers le dragon qui l'évita au dernier moment avec grâce et souplesse.
Un hurlement de rage provint de nulle part tandis que l'épée échouait au sol, abandonnée par son porteur invisible. En réponse à cette traitrise, le dragon arrosa le secteur d'un jet de flammes monstrueuses dont Milàn ressentit la chaleur jusqu'au tréfonds de son être. Reculant brusquement, il se trouva acculé contre le mur blanc de la pièce dont l'air était chargé d'une chaleur étouffante. Il jeta un regard à son compagnon d'infortune, alors que les flammes pourléchaient ce qui restait de la table et son bric-à-brac désordonné.

Dans l'autre coin, tout se déchainait. L'arc désormais c'était élevé contre le dragon qui se débattait.

- Il ne peut y avoir qu'un seul maître ! ! Il n'y a pas de place pour deux !

Une flèche se décocha – seule. Oui c'est possible – et perça la cuirasse de Zhilla à la base du cou. Dans un terrible hurlement de douleur, ce dernier expulsa de nouvelles flammes qui délogèrent les deux hommes de leur coin. La bibliothèque s'embrasa tel un bucher dont le feu lécha le plafond jusqu'à le noircir. Le feu de dragon, embrasait jusqu'aux pierres et pouvait durer des heures…
Le combat faisait rage, de coups en flammes dans un vacarmes assourdissant de grondements et hurlements. Les deux forces en opposition brisaient le décor comme s'il s'était agi d'une simple maison de poupée en carton. Plantes, jacuzzi, objets en tout genre, tout brûlait comme paille et il ne resta bientôt plus qu'un minuscule espace pour les deux hommes qui s'étaient rués au devant de la porte. Milàn envoya la main sur la poignée brûlante tandis que l'air autour d'eux se raréfiait. Les cendres et les braises étaient la seule vue que leur offrait la pièce désormais et leurs poumons ne parvenaient plus à happer autre chose qu'une masse d'air qui leur brûlait les bronches. La douleur était trop réelle pour un rêve et le théologien prenait conscience du piège à rats dans lequel ils se trouvaient.
Dans un hurlement de rage, l'effaceur renouvela son geste à trois reprises, tandis que la poignée tournait dans le vide et que la porte demeurait close.
A tout jamais.