[14 Éllune 1091] Le pacte des ombres

14 Éllune 1091
avec  Voliark Zaler

La chaleur était insoutenable en ce 14 Ellune. L'été n'était décidément pas la saison préférée d'Ayamée qui devait déjà donner de sa personne pour parvenir à faire entrer un peu d'argent, cette température la faisait transpirer plus que de raison et elle détestait ça. Précieuse ? Oui, totalement, mais c'était la faute de Ménélas. Son maître était si bon avec elle, en fait, il avait été trop bon pour elle et lui avait donné de mauvaises habitudes de princesse. Ainsi, la jeune fille boueuse et souillée qu'elle avait pu être plusieurs années auparavant avait fait place à une demoiselle capricieuse et qui détestait véritablement la saleté.

Il faut dire qu'elle était partie de loin ! Encore aujourd'hui, lorsqu'elle repensait au bauge qu'elle avait fréquenté étant enfant, elle se demandait comment un tel établissement avait pu exister. Rien qu'en y repensant, elle en avait des frissons de dégout. C'était tout l'opposé du bordel qu'elle avait ouvert avec Ménélas. Situé dans une ruelle plutôt calme entre deux grosses artères de la ville de Borderoc, Les Roses d'Aragon était en effet un très bel établissement, très soigné et bien construit. Il faut dire qu'ils en avaient mis des lieutons pour l'acquérir ! Idéalement situé pour le type de service et la qualité recherchée, ils avaient dû dépenser la quasi totalité de l'héritage que Ménélas avait touché de la mort de ses parents pour pouvoir se l'offrir. Cela ne faisait que quelques mois, maintenant, que les travaux étaient enfin terminés. L'établissement était vraiment propre et l'on pouvait s'y distraire avec de très belles femmes - Ayamée en était d'ailleurs très fière, c'était elle qui avait trouvé les premières filles à embaucher - mais pourtant, la concurrence était rude dans ce métier, surtout à Borderoc, et les clients ne se bousculaient pas encore au portillon.

Impatiente, cela excédait Ayamée. Ménélas, lui, était plus mesuré : les affaires allaient finir par décoller, il en était certain, il fallait juste que le bouche à oreille se fasse et il fallait surtout fidéliser la clientèle actuelle, le reste suivrait naturellement. La jolie putain ne l'entendait pas de cette oreille. Pour elle, ils possédaient le meilleur bordel de la ville, et c'était inconcevable que cela ne marche pas mieux. Elle avait une revanche à prendre sur la vie, une revanche à prendre sur ce métier qu'elle avait pourtant haï de toutes ses forces de longues heures durant alors que son corps d'enfant se faisait salir. Il était inenvisageable que cela ne décolle pas plus vite, point. Elle donnait de sa personne, elle se savait douée dans son art et veillait à ce que ses filles le soient tout autant. L'argent rentrait. Péniblement, certes, mais les clients semblaient satisfaits malgré tout, ce n'était donc qu'une question de temps. Ménélas avait raison. Oui mais.. Oui mais.. Non, c'est tout de suite qu'il fallait que ça marche, enfin !

Prise dans ses pensées, Ayamée ne s'était pas aperçue que son dernier client n'était pas encore reparti. Mince, qu'est ce qu'il voulait encore ? N'en avait-il pas eu assez ? Quoi que... S'il pouvait dépenser d'avantage pour un deuxième tour entre ses cuisses, elle n'allait pas cracher dessus - sauf s'il lui demandait, évidemment.



Elle se rapprocha félinement de son client, ne perdant toutefois pas le nord, le but était qu'il paye pour sa compagnie et non pas qu'il se casse après avoir pris son bain.



Il faut dire qu'il n'était pas vilain, et tant qu'il payait, elle serait ravie de passer un peu plus de temps en sa compagnie.

14 Éllune 1091
avec  Voliark Zaler

Ayamée n'avait pas senti le regard de son client se perdre sur son corps et ses particularités. Il faut dire qu'elle en avait l'habitude, elle était plutôt bien roulée. Elle avait également l'habitude qu'on s'attarde sur ses cicatrices qu'elle arborait pourtant avec fierté, elle avait réussi à échapper à tout ça, et ces marques sur ses poignets et ses chevilles lui rappelaient qu'elle avait été forte, qu'elle avait vaincu l'adversité. Qu'elle devait la vie à Ménélas et que rien ne pourrait plus jamais la faire tomber.

En revanche, elle n'avait pas l'habitude qu'on lui rit à moitié au nez lorsqu'elle s'adressait à ses clients avec la distinction qu'elle s'était imposée. Oh, bien sûr, elle trouvait cela normal qu'ils la tutoient mais quant à sa manière de s'exprimer, elle savait parfaitement que l'on n'attirait pas des mouches avec du vinaigre : pour faire en sorte que les gros poissons de cette ville ne viennent passer un moment agréable entre leurs murs, il fallait qu'ils aient des manières de la haute société. Et quand bien même cela ne serait pas nécessaire pour les attirer, la jeune femme savait pertinemment que les plus riches aimaient à se sentir supérieur et respecté. Surtout par des jeunes femmes à peine sorties de l'adolescence. Mais si son client préférait le langage courant, et bien soit. Après tout, il n'avait pas vraiment l'air du type d'hommes que la jeune femme cherchait à fidéliser quoi qu'il en coûte.


Une manière pour elle de renvoyer la balle. Une remarque sur sa manière de parler ? Aucun soucis, voilà une remarque sur le vice qui vous anime à venir cueillir le fruit le plus doux moyennant finance. Un point partout, balle au centre.

Elle se figea un instant, tentant de ne rien laisser transparaître alors qu'il avait pour elle des gestes tendres. Replaçant une de ses mèches rebelles derrière son oreille, un baiser chaste quelques secondes avant, où se croyait-il ? Dans les bras de sa bien aimée ? Elle ne perdit pas un instant pour se défaire de cette situation embarrassante, se relevant lascivement mais non moins hativement pour faire sonner la lourde cloche de ses appartements – car c'était ainsi que les filles appelaient les servants du bordel. Voilà qu'il voulait discutailler, maintenant. Après tout, pourquoi pas, elle saurait bien lui faire payer plus cher si cela devait trop traîner, son temps était de l'argent, et elle n'allait pas se laisser tenir la jambe sans en monnayer l'accès.

Il ne fallu pas plus que quelques secondes pour que l'employée ne frappe à la porte. Il faut dire que lorsque la cloche d'Ayamée sonnait, il fallait débouler dans la minute sous peine d'en subir les conséquences. Ainsi, elle demanda rapidement à travers le lourd bois de la porte qu'on lui monte un baquet et de l'eau chaude. De nouveau seuls, elle se rapprocha de son client – elle n'allait tout de même pas le délaisser, n'est ce pas ? - et repris place à ses côtés. Les derniers mots qu'il avait prononcé fit hérisser tous les poils de la jeune femme. Il ne manquait pas de culot, ce blanc bec ! Oser insinuer que Les Roses d'Aragon ne marcherait pas juste devant l'une des propriétaires, mais pour qui se prenait-il ? Avait-il simplement conscience de sa bêtise ? Savait-il au moins à qui il s'adressait ? C'était fort peu probable. Après tout, l'on choisissait généralement Ayamée pour son minois adorable et sa jeunesse insolente. Elle n'avait que dix sept ans et en faisait pourtant deux ou trois de moins, facile. Alors certains se plaisaient à venir gonfler leur égo entre les cuisses d'une telle beauté. Ayamée était d'ailleurs la plus chère des femmes de l'établissement. Comment aurait-il pu en être autrement ? Même s'il avait souhaité que cela ne soit pas le cas, Ménélas n'aurait jamais osé exprimer ce souhait à voix haute. La furie se serait réveillée instantanément.

Il semblait donc nécessaire de remettre les pendules à l'heure avec cet insolant – sans pour autant le froisser, il n'aurait pas fallu qu'il ne décampe sans payer en jouant la carte du client outragé,


Devant son calme apparent, Ayamée fulminait. Se rebeller contre Ménélas, non mais n'importe quoi, décidément, les ignares auraient beaucoup à gagner à fermer leur gueule. Surtout lorsqu'ils ne savent pas du tout de quoi ils parlent.

14 Éllune 1091
avec  Voliark Zaler

L'attitude de ce garçon horripilait Ayamée. Du haut de ses dix sept ans, elle n'appréciait pas qu'on la prenne de haut, et encore moins qu'on lui dise quoi faire, ou qu'on sous entende qu'elle n'était pas capable de prendre les bonnes décisions. Elle regarda d'un oeil méprisant son client. Il se donnait des grands airs, mais elle était sûre qu'il ne s'agissait là que d'une façade, il parlait trop. Beaucoup trop. Et ça la gonflait.

Tenant absolument à ce que la jeune femme le tutoie, elle s'y accorda finalement. Ce n'était pas dans ses habitudes, elle ne tutoyait jamais personne mais s'il insistait... Il avait quelque chose de déconcertant. Le physique et la carrure d'un jeune homme, et les manières aussi en ce qui concernait la débauche charnelle, pourtant quelque chose dans son attitude semblait très enfantin. Ses mots acerbes, eux, étaient bien ceux d'un homme d'affaire, par contre.


Borderoc était plutôt libéré quand au sujet de la prostitution, mais il suffisait de voir le mépris que certains portaient à Ayamée, clients comme passants, pour voir que ce n'était pas non plus quelque chose de particulièrement reluisant. Pour autant, Ayamée ne s'en offusquait pas. Elle se lavait les mains de ces élucubrations grand seigneur : quand les femmes bien comme il faut ne touchaient pas leurs maris, ils venaient baiser des putains... Et payaient pour ça. Alors qui était vraiment à moquer ?

Les sous entendus sourds du dénommé Voliark ne plaisaient guère à Ayamée, pour sûr. Il n'en aurait fallu que peu de plus pour qu'elle ne l'assomme. Garder maîtrise de soi était bien compliqué, surtout envers un homme comme lui.


Elle mima une révérence des plus hypocrites avant de poursuivre.


Elle marqua une pose, retroussant légèrement son nez. Non mais vraiment... Devoir se justifier ainsi devant un insolent.


En fait, la vérité c'était que l'établissement peinait à décoller, même s'ils avaient des revenus satisfaisants pour leur âge. Pourtant, Ayamée en voulait plus, elle rêvait de richesses, elle était impatiente, elle voulait tout tout de suite. A cette vitesse, le bordel prendrait de l'essor, oui... Mais trop lentement à son goût.


Elle avait envie de l'étrangler. De plus en plus. Elle le regarda prendre place dans son bain, tentant de masquer la rage qui montait en elle. Elle aurait vite fait de le noyer n'est ce pas ? Non. Ca serait mauvais pour les affaires. Elle s'approcha du baquet, faisant semblant de rien et s'agenouilla aux côtés de son client aux cheveux d'argent. Elle trempa ses doigts dans l'eau, lascivement, et plongea son regard dans celui de Voliark


Elle arrosa d'un doigt le visage balafré de son client.


Elle se redressa ensuite, se plaçant derrière son client. Cette joute verbale l'agaçait au plus haut point, mais en même temps faisait monter un désir nouveau au plus profond de ses entrailles. Ridicule. Pourtant... C'était comme si elle voulait le faire taire. Une bonne fois pour toutes, lui montrer qu'elle serait capable à elle seule de faire décoller les Roses d'Aragon. De ses mains habiles, elle massa fermement les pectoraux humides du jeune homme.

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avec  Voliark Zaler

Athina écouta le discours de Voliark sans le couper, ce qui était un exploit pour la jeune femme qui ne supportait pas qu'on sous entende qu'elle courrait droit vers l'échec. Pour elle, c'était impossible. Ménélas et elle avaient travaillé d'arrache pied pour réhabiliter les lieux, ils n'avaient pas compté à la dépense, ni leurs heures de travail. Certes, ils faisaient très peu de bénéfices pour le moment, mais ils en faisaient quand même - pas assez pour la jeune femme, mais c'était hors de question qu'elle admette à haute voix que le blond puisse avoir raison.

Tandis qu'il jouait des paroles, Ayamée continuait de masser sa peau, même si ses gestes s'étaient ralenti, son esprit analysait chacun des mots de son interlocuteur. Ca faisait mal de l'admettre, mais il n'avait pas tort. Elle ne connaissait pas la ville depuis longtemps, mais elle avait eu l'occasion de voir que la réputation du Gravorn était plutôt fondée. D'un autre côté, les Roses étaient évidemment sécurisées et quelques membres de sécurité pour éviter les soucis. Pourtant, cet imbécile lui mettait le doute. Et s'il avait raison sur toute la ligne ? Ils s'investissaient tellement dans cet établissement, comment réagirait Ayamée s'il devait s'écrouler ou s'il devait finir ravagé par les flammes ?


Ayamée marqua une pause, le temps de se tourner légèrement pour faire face à son client. Elle plongea alors son regard perle dans les yeux bleus du jeune homme, une lueur de détermination brillant dans ses traits.

14 Éllune 1091
avec  Voliark Zaler

L'air de défi qui brillait dans les yeux d'Ayamée fit soudainement place à la surprise et à l'amusement. Son regard ? Trop pur pour ce métier ? Pauvre homme, il n'avait évidemment aucune idée de tout ce qu'avait dû subir la jeune femme par le passé. Pure, elle ne l'était plus depuis bien longtemps - de corps comme d'esprit. Même si Ménélas canalisait ses excès de rancoeur et de colère, ce qu'elle avait vécu avait transformé son esprit, désormais elle était prête à tout pour parvenir à faire décoller les Roses. Oui, à tout. Même à écouter ce prétentieux débiter ses conseils.


Elle le regardait sans se cacher, sortir avec une lenteur calculée du baquet d'eau qui avait désormais refroidi, ne manquant pas de détailler une fois de plus le corps nu de son client. Pour un peu, elle aurait été tentée de recommencer leurs activités, mais pour le moment ce n'était pas ce qui était prévu. Elle l'écoutait d'un oreille attentive, même si elle ne pu s'empêcher de lever les yeux au ciel devant l'aplomb du jeune homme. Il était si sûr de lui, c'était agaçant. Oui, c'est ça. Il l'agaçait profondément et Ayamée eut été capable de tout pour le faire taire à cet instant.

Elle s'approcha de lui, ses courbes voluptueuses s'ondulant à chaque pas et s'empara de la serviette pour essuyer de ses mains quelques gouttes qui perlaient encore sur les épaules de Voliark. Pour sûr, il savait parler. Son assurance reflétait celle de la Sirène comme un miroir, elle prit conscience à cet instant que s'il l'agaçait autant, c'était probablement parce qu'ils étaient fait du même bois. Son discours faisait mouche, pour sûr Ayamée était tentée. Si elle parvenait à récupérer la clientèle du Bleu Lagon, les Roses d'Aragon aurait un bel avenir devant lui, à n'en point douter. Ils pourraient tirer leur épingle du jeu et faire de l'établissement la maison de plaisir la plus côté de Borderoc. Comment aurait-elle pu ne pas être tentée ? Elle était jeune, impulsive et avait soif de réussite. Elle regarda Voliark nouer la serviette autour de sa taille et se diriger vers son lit. 7% des bénéfices, cela pouvait sembler de rien, mais l'on s'approchait dangereusement des 10%, et les rêves de richesse de la jeune femme ne pouvaient envisager un tel trou dans leur coffre. Et puis, Ménélas pourrait aisément s'apercevoir de quelque chose avec un tel chiffre.

A son tour, Ayamée s'approcha du lit sur lequel elle pris place, posant son adorable croupe au niveau du bassin de son client qui tenait insolemment une pomme. Cette image était incroyablement sexy, à dire vrai. Elle se pencha vers le fruit et croqua dedans à son tour, tentant de faire abstraction de la remarque vexante qu'il avait pu lui offrir au sujet de la qualité des draps. Finalement, elle se redressa.


Son regard était plus intense que jamais, elle était pendue à ses lèvres. Cet accord était risqué, elle le savait, son maître n'appréciait pas les magouilles, mais il n'était pas obligé d'être mis au courant. Ce qu'il ignorait ne pouvait lui faire de tort, pas vrai ? Lascivement, elle glissa une jambe au dessus du bassin de Voliark, se retrouvant ainsi à califourchon sur cette serviette qui était bien inconfortable. Elle se cambra jusqu'à poser ses formes délicates sur la peau blanche du jeune homme, redoublant de sensualité.

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avec  Voliark Zaler

Le contacte des mains de Voliark sur ses courbes puis sur son visage lui arracha bien malgré elle un frisson de volupté. Ce mec était insupportable, s'il n'en avait tenu qu'à elle, elle lui aurait collé son poing dans la figure. Pourtant, cette insolence éveillait en Ayamée quelque chose de nouveau. Une irrépressible envie de lui faire fermer sa grande gueule, et lui faire admettre, ivre de plaisir, qu'il avait eu tort et qu'elle était la meilleure.

Tu ne vaux pas 2% du chiffre à venir. Mais quel goujat ! Elle saurait lui montrer qu'il se trompait lamentablement le moment venu. Car celui qui joue avec un feu de forêt fini forcément par se retrouver encerclé entre les flammes ardentes. Excédée, elle se mordit l'intérieur de la joue. De toute façon, avait elle vraiment d'autre choix que d'accepter cet insupportable accord ? Elle devinait en la personnalité de Voliark quelque chose de similaire à la sienne et c'était bien ce qui lui hérissait le poil au plus haut point : s'il se vexait, il pourrait sans problème se retourner contre elle, et Ménélas avait bien trop donné pour que cet établissement ouvre ses portes, il était hors de question de risquer de tout perdre. Cet accord, c'était un pacte avec les ombres.

Elle n'eut cependant pas le temps de répliquer ni d'accepter que Voliark prit ses lèvres, comme pour sceller leur accord. Et durant la prochaine heure, elle s'appliqua à lui montrer à quel point elle valait ces 2%. Elle le jurait, il finirait par le lui hurler...